• Les fonds sous-marins en Mer Rouge

     

    Enfin un tableau sous-marin qui nous donne à ressentir le vide autant que la plénitude, l'onde mi-abstraite mi-concrète de la Vie primitive, sans trop la décrire !

    Certes, en bas à gauche, l'image figurative des coraux, rayonnante, tendre, parfois même euphorisante, est à peine déstructurée. Mais ce motif concret est là pour nous permettre de mieux gouter, par contraste, tout l'espace purement abstrait du reste du tableau : cette partie supérieure purement coloriste, cette symphonie d'azur, de verts pastels, de coquille d'œuf...

    (Ne sommes-nous pas si las de ces "tableaux décoratifs" des fonds marins, représentations pseudo-réalistes au pistolet à peinture d'un Christian Lassen ou autre surfeur hawaïen en vogue chez les femmes de milliardaires ?

    Ces "tableaux" sont tellement  "archipleins de choses" qu'ils font la joie des marchands de puzzles : pas une seule pièce ne ressemble à l'autre, tant le tableau est chargé de détails insignifiants, jusqu'à l'écœurement ! ) Le monde sous-marin, en vérité, c'est une immensité de vide avec le miracle d'un massif corallien posé ici ou là, comme une énigme, comme l'image du mystère de l'origine de la Vie, toujours bercé par l'infinie houle mélancolique. Comme la partie supérieure de ce tableau, le monde sous-marin est avant tout musical, et non visuel. C'est ce que comprit Debussy avec "La Mer". C'est ce qu'écrivait Proust dans "A l'ombre des jeunes filles en fleurs", quand il entendait simultanément le bruit de la houle et celui de l'orchestre de la plage du Grand Hôtel de Cabourg : "À dix heures, en effet, il [l'orchestre] éclatait sous mes fenêtres. Entre les intervalles des instruments, si la mer était pleine, reprenait, coulé et continu, le glissement de l'eau d'une vague qui semblait envelopper les traits du violon dans ses volutes de cristal et faire jaillir son écume au-dessus des échos intermittents d'une musique sous-marine. "

     

    De même, ce tableau est "l'écho intermittent d'une musique sous-marine", tel une symphonie de Mozart entendue par hasard au fond d'une mer entre deux déserts.

    Partager via Gmail Blogmarks

    votre commentaire
  •  

    L'Olivier de la Paix en Israel

     

    De façon assez paradoxale, il faut voir ce tableau "en vrai" pour comprendre combien il est "irréel", onirique.

    Il faut être en présence directe de sa matière : du sable prélevé à Rivabella ou Cabourg («Rivebelle" ou "Balbec" comme écrivait Proust, qui transformait volontiers ces plages normandes en légendaires toponymes orientaux),  de l'argent, de l'or, de l'antique et épais vert-olive...

    C'est un tableau volontairement surexposé, comme un "éclat de rêve", une apparition dans le désert.

    La lumière qui se dégage de son centre triangulaire vous happe. C'est un rêve paisible - et pacifique - de Terre Sainte.

    On se souvient de l'Orient rêvé par Marcel Proust dans sa chambre du Grand Hôtel de Cabourg, quand il observait sur le mur les chatoiements de la lumière échappée des rideaux.

    "Et sur le mur qui faisait face à la fenêtre, et qui se trouvait partiellement éclairé, un cylindre d'or que rien ne soutenait était verticalement posé et se déplaçait lentement comme la colonne lumineuse qui précédait les Hébreux dans le désert."

     

    Cette "colonne lumineuse" d'une Paix divine, rêvée, a réapparu au centre du tableau de Gil, entre sable normand et ors orientaux, comme une icone, comme une Epiphanie païenne.

    Partager via Gmail Blogmarks

    votre commentaire
  •  

    La voltige de Léa

     

    Comme chacun le sait, l'équitation est plus qu'un sport, c'est un Art, et ceci est d'autant plus vrai pour la voltige.

    Cependant, même dans sa dimension purement sportive, l'équitation a une spécificité étonnante : il s'agit de la seule discipline ou la distinction des sexes n'existe pas pour les athlètes.

    On peut même dire que, de façon assez inattendue, les femmes ont de meilleurs résultats dans la majorité des épreuves.

    Ainsi, pour faire se mouvoir une masse de plusieurs centaines de kilo de muscles, c'est la délicatesse des femmes qui est la plus efficace.

    Ce tableau nous donne à voir ce miracle de la communication Femme / Cheval.

    La femme, toute aérienne, flottant dans la lumière chatoyante, fine comme une ballerine renversée en porte-poisson.

    Le cheval, terrestre, sombre, puissant, lourd, loyal.

    Et nous, les spectateurs entre les deux, assis entre l'Art et la Nature.

    De l'un à l'autre, l'emploi de la matière picturale est si contrasté que nous avons affaire à deux tableaux en un : l'acrylique se fait presque aquarelle pour la femme, il est presque huile de lin pour le cheval.

    Picasso a beaucoup peint la tauromachie à la fin de sa vie, comme l'opposition fondatrice, toujours érotique, entre le sauvage (le taureau) et l'humain (le toréador).

     

    Ici, via l'évocation de la voltige, nous ne voyons plus l'opposition, mais le mariage, toujours amoureux, entre la Nature brute et la Grace.

    Partager via Gmail Blogmarks

    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires