• Bonjour la France

     

    Bonjour la France

     

    Sur ce visage, nous ressentons cette joie première qui fonde l'Humanité :

    celle de toujours rêver une vie meilleure.

    Ici, il s'agit de la joie frémissante d'une femme, accrochée à un train, qui reprend espoir dans sa vie.

    Ce visage est peint d'une manière absolument réaliste, résolument "concrète".

    En effet, il n'y a plus place pour l'intellectualisme d'un certain "Art abstrait" quand on traite d'un sujet aussi "concret" : une femme émigre.

    D'ailleurs, Gil, l'auteure de ce tableau, a aussi connu l'exil. A 20 ans, elle a vu le port de sa Tunisie natale s'éloigner peu à peu dans le sillage d'un bateau.

    Puis elle a du connaitre aussi la découverte des paysages français, de cette grise verdure du nord de la France. Avec, au loin, toujours le souvenir du ciel bleu d'où l'on vient. Le ciel, c'est le seul ancrage à son enfance, pour un déraciné.

    Dans ce tableau, l'équilibre mouvement / immobilité, si cher aux Maitres de la Renaissance (dont Da Vinci), mais aussi aux Maitres de la peinture chinoise classique des Tang, est poussé à son paroxysme.

    Tout est fuite, instabilité au centre du tableau, alors qu'aux deux extrémités, le visage et le ciel sont sereins et placides.

    Comment ne pas se rappeler les poèmes qu'écrivit Verlaine en compagnie de Rimbaud entre 1872 et 1873, quand les deux "vagabonds" parcouraient le nord de la France et la Belgique à  la recherche d'un idéal poétique mais aussi d'un idéal de vie et de liberté d'âme ? Ce tableau pourrait s'appeler "La fuite est verdâtre et rose», comme le poème de Verlaine :

    « La fuite est verdâtre et rose

    Des collines et des rampes,

    Dans un demi-jour de lampes

    Qui vient brouiller toute chose.

     

    L'or sur les humbles abîmes,

    Tout doucement s'ensanglante,

    Des petits arbres sans cimes,

    Où quelque oiseau faible chante.

     

    Triste à peine tant s'effacent

    Ces apparences d'automne.

    Toutes mes langueurs rêvassent,

    Que berce l'air monotone. »

     

     

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