• Cavalcade dans les grottes

     

     

    Cavalcade dans les grottes

    Dès le premier regard, la partie centrale de ce tableau nous interpelle : quel réalisme, et en même temps quelle liberté de découpage dans ces silhouettes de chevaux sauvages !

    Nous ressentons exactement le même trouble, le même sentiment de "virtuosité primitive" qui émane de l'Art pariétal paléolithique.

    En effet, sur une période de plus de 15 000 ans, qui commence il y a plus de 30 000 ans avec les grottes de Chauvet et se termine, entre autres, avec les grottes de Lascaux, les premiers artistes de l'Humanité avaient une sureté de trait, une liberté de composition qui auraient fait pâlir un Rembrandt ou un Da Vinci.

    Cette "virtuosité primitive", mais aussi le fait étonnant qu'il n'y ait pratiquement aucune évolution, aucune individualité dans le trait pendant une si longue durée, constituait "la plus vieille énigme de l'Humanité", peut-on dire...

    Or, nous savons enfin, de façon quasi-certaine, depuis le début de l'année 2013, que cette virtuosite était le fruit d'une technique spécifique : la reproduction d'ombres portées, à l'aide de torches et de figurines animales sur les parois des cavernes préhistoriques. Cette découverte nous est due à Jean-Jacques Lefrère (historien) et Bertrand David (professeur de dessin) ; elle est désormais exposée dans un ouvrage lumineux : "La plus vieille énigme de l'Humanité" (Ed Fayard, 01/2013). Bien sur, une partie du monde académique est toujours reluctante à cette découverte immense, laquelle explique pourtant une réalité plutôt évidente : la peinture est née de la sculpture. Comme le reconnait le Pr Jean-Paul Demoule (Protohistoire européenne, Université Paris I) : "Il est des idées dont on se demande pourquoi personne ne les a eues avant" (cf. "Art pariétal : la théorie des ombres " in "Sciences Humaines" 4/2013).

    Mais la démarche de Gil dans ce tableau est tout aussi passionnante, car l'artiste-peintre a fait sienne cette technique pour une création contemporaine, personnelle cette fois.

    Et force est de constater que cette méthode de création ressuscitée, dont on peut dire qu'il s'agit de "la plus primitive technique en Art pictural", correspond parfaitement à la voie recherchée par cette artiste depuis des années. Gil a utilisé un bronze japonais ancien, représentant un cheval sauvage. L'ombre portée sur sa toile, en variant l'angle de la source de lumière, s'est déclinée avec une variété infinie de formes, toujours selon un contour parfaitement réaliste, ce qui permettait à l'artiste de déstructurer à volonté la composition sans perdre "l'essence figurative" du sujet. L'âme du cheval était là (sa réalité physique, via la sculpture éclairée), et le regard du peintre pouvait ainsi donner libre cours à son expression de façon plus saisissante encore. Ce qui étonne souvent dans l'œuvre de Gil, c’est cette frontière inextricable entre le figuratif et l'abstrait, cette coexistence entre un "animisme primitif" et un "expressionisme coloriste", cette matière quasi-sculpturale et cette liberté "à fresco" .Dans le même temps, tout ceci est rendu possible plus naturellement encore. Avec la première expérimentation artistique contemporaine de la plus ancienne technique picturale de l'Humanité, une voie est ouverte.

     

    Longue vie à ce tableau, sorte de "Demoiselles d'Avignon" de l'Art pariétal contemporain ?

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