-
Incendie de forêt
Pour commencer, la prouesse technique saute aux yeux (il ne s'agit évidemment pas de la dimension essentielle de ce tableau - nous parlerons du "fond" plus bas).
A la fois un jeu très subtil de moirés, de dégradés façon aquarelle à la périphérie, et une matière incroyablement lourde, un véritable "amas de cendres" au centre.
Mais ce tableau n'est pas que "technique", loin s'en faut !
Il est une allégorie proprement tragique du feu : ces flammes, lyriques comme un chœur dans une tragédie antique, portent à la fois la Mort et le renouveau de la Vie.
C'est la grande ambivalence de l'élément feu que nous retrouvons, sa nature profonde, telle que l'a définie Bachelard.
La source de lumière qui surplombe le brasier s'impose comme une illumination mystique, on la ressent comme cette "lumière au fond du tunnel" que décrivent ceux qui ont connu une expérience de mort imminente.
Ainsi, ce tableau pourrait s'appeler "Phoenix", tant la dimension allégorique d'une complémentarité Vie/Mort est évidente.
Enfin, osons le dire : ces arbres calcinés évoquent aussi autant de "spermatozoïdes noirs tendus vers une ovule immaculée"... sorte d' "Origine du monde" abstraite.
Chacun le ressent : ce tableau révèle d'une d'alchimie métaphysique. Il est autant Poésie qu'Art pictural.
"Elle retrouvée -
Quoi ? L'Eternité.
C'est la mer mêlée
Avec le soleil" (A. Rimbaud, "Eternité")
-
Commentaires