•  Superbe opposition de techniques (tubes de matière pour la grotte, technique alla fresco pour l'eau)... Un tableau emblématique de ton style, une quintessence de l' "oxymore matière/lumière", un paroxysme délicieux... (et tout ceci malgré une élégante sobriété de la palette bleu/vert). Il y a quelque chose de philosophale (et de philosophique) dans cette grotte, comme une origine de la Vie contemplée de face. Quelle tour de force ! Bravo !

     

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  • Un travail extraordinaire, à la frontière - si ténue en réalité - entre la création artistique et la Création divine - ou plutôt simplement "la Création naturelle" dans toute sa spontanéité animiste !

    On y retrouve ce souffle vital primordial, ce qu'il y avait de plus pur dans les premières "traces de Vie" des grottes de Chauvet, mais aussi dans les premières œuvres de dripping de Pollock...

    Un art "sans hésitation", qui se fait le simple vecteur d'une force cosmique, ou chaque tache fauve, chaque verdure buissonnante, chaque récif ocre semble à la fois aléatoire et totalement indispensable.

    Comme dans ces poteries japonaises sans aucun motif "yaki-shime"  (tradition de poterie la plus ancienne du monde, remontant a plus de 10 000 ans), ou le potier ne dessine et ne crée rien, ou il se contente de trier, de conserver une poterie sur mille, parce que le feu y a laissé "quelques traces particulièrement heureuses"...

     

    Ce tableau est ainsi : c'est une circonstance "heureuse" de la Nature passée à travers la main d'un être humain, et qui transmet un bonheur primordial à tous les autres humains.

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  • Quel jaillissement épique, digne d'une fresque, d'un ballet ou d'un mélodrame mythologique !

    Il y a du Mahler («Le chant de la Terre") ou du Wagner ("Lohengrin") dans cette Genèse fébrile et glaciale a la fois, transfiguration de la Nature en un héro immaculé !

     

    Ces montagnes rouges ont à la fois la pureté du Chevalier-Cygne ("Lohengrin") et la douceur rose de la Vierge-Cygne ("Odette" dans le Lac des Cygne") : elles se situent dans un au-delà ou l'extrême féminité rejoint l'extrême-masculinité, ou l'Eternité devient possible...

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  • On reconnait l'arbre du Lac Nojiri, mais avec une technique nouvelle, éblouissante : cette lumière est proprement onirique.

    Quel pouvoir d'évocation !

    On se trouve plonge dans le monde baudelairien de l'"Invitation au voyage" :

    "Les soleils couchants

    Revêtent les champs,

    Les canaux, la ville entière,

    D'hyacinthe et d'or ;

    Le monde s'endort

    Dans une chaude lumière."

     

    C'est un tableau apaisant et mystérieux à la fois !

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  • La série des "Arbres bleus" de Gilda Campanella-Bordas a rapidement conquis le cœur des habitués de ses expositions.

    Les deux premiers tableaux ont déjà rejoint des collections particulières.

    Pourquoi ce succès ?

    Parce que Gil a trouvé dans le thème de l'Arbre de Vie un concept philosophique auquel la couleur bleu (de Prusse) se marie parfaitement.

    Un peu à la manière des "Nus bleus" de Matisse, les "Arbres bleus" sont une allégorie de l'essence même de la Vie.

    Mais, beaucoup plus encore que chez Matisse, le motif se prête à un alliage troublant du Figuratif-Abstrait, ou plus exactement Subjectif-Objectif.

    Regardons ce tableau, troisième de la série.

    Une première lecture, figurative, ou "objective", nous donne à voir la luxuriance d'une végétation inattendue en plein désert. Un peu comme pour les "Platanes" monochromes de Matisse ( déc. 1951), on remarque le travail stylistique du contour des feuilles, à la fois tourmenté et très équilibré, formant une sphère - allégorie de la perfection de la Vie. Le travail sur les racines aussi, avec beaucoup de matière, est impressionnant. Mais la force de cette image réside dans le fait qu'une autre lecture, purement abstraite et subjective, ne peut pas être évitée. Est-ce l'inclinaison de l'arbre, est-ce l'inclinaison des dunes ? Notre cœur "incline" de façon irrésistible vers un autre sens : celui du déracinement, de la beauté de la Vie lorsqu'elle "revient de loin", comme on dit.

     

    L'originalité de l'attitude du peintre Gil est, comme toujours, dans cette double-lecture. La chose est là, et elle est en même temps ailleurs : symbole d'une réalité purement abstraite. Le peintre se situe à mi-chemin entre l'observation et l'introspection, ou plutôt des deux côtés à la fois. Ce statut double fait partie intégrante du tableau, et le regard de tout visiteur peut se placer immédiatement à l'intérieur du tableau, à la place de l'Artiste, et devenir Matière et Esprit à la fois. Gil n'est pas un peintre figuratif, ni un peintre abstrait, elle est les deux à la fois, exactement avec la même force.

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  • La rouille

    Il me semble que le coup de génie de ce tableau consiste dans le procédé suivant : alterner une technique d'aplats simples et légers, type "a fresco", avec les blocs de matière lourde qui représentent la rouille.

    Cette alternance est à la fois régulière et aléatoire, ce qui donne un rythme proprement "bachien" à la composition, mais, surtout, cette alternance permet de mettre en valeur la rouille elle-même, c'est-à-dire la concrétisation du Temps.

    Le thème de la détérioration par le temps, de l'érosion aléatoire fait partie des thèmes de prédilection de Gil, et il est très présent aussi dans l'œuvre de nos plus grands peintres contemporains, de Miquel Barcelo à Simon Hantai.

     

    Ici, le contraste entre la rouille elle-même et un étrange sentiment d'Eternité, qui émane des bandes bleu-roi, apporte au tableau une dimension dialectique saisissante.

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  • l

    La Porte bleue

    Ce tableau lyrique, enthousiasmant, passionnant, "La Porte bleue" de Gil, est à la fois la continuation et l'antithèse du célèbre tableau de Matisse "Porte-fenêtre à Collioure". Le tableau de Matisse est "incroyablement carré", celui-ci est "incroyablement plein de formes". Celui de Matisse reste dans une palette froide, celui-ci est un échange vertigineux de dégradés bouillonnants, à la fois vermillon et bleu de Prusse. Mais dans un cas comme dans l'autre, la structure du tableau et l'idée est la même : l'artiste nous donne à voir une mystérieuse ouverture sur "l'autre Monde"... Car, chez Matisse comme chez Gil, l'emploi du noir, qui est très rare chez l'un comme chez l'autre, prend ici un sens profond, nécessaire au thème de la porte.

    Chez Gil, un "éclair magique" en avant-plan, digne d'un conte des Mille et Une Nuits, est le pendant des ténèbres du fond, vers lesquelles la petite porte bleue doit mener. Comme chez Matisse, cette porte, c'est le passage du Concret à l'Abstrait, c'est-a-dire de la Vie à la Mort. Le tableau de Matisse est un trou noir, celui de Gil un "trou blanc", c'est-à-dire un "trou de toutes les couleurs ajoutées".

    Que dire de plus ?

    Ce tableau est purement spirituel.

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  • L'Erosion

    Après "La Fissure", tableau si poignant mi-abstrait mi-figuratif, Gil nous revient avec "L'Erosion", qui constitue un aboutissement de sa démarche durant les deux à trois dernières années. Ici aussi, le tableau est  "à la fois" abstrait et figuratif - ce qui est déjà une gageure en soi, mais le défi technique sur la matière et le dessin est encore plus audacieux. A une opposition chromatique (entre le bleu de Prusse et le carmin dans "La Fissure") se substitue une opposition espace/matière. En effet, le tableau rend visible l'écoulement du temps - l'érosion de la matière terrestre - grâce à une technique éblouissante, presqu'hyperréaliste, du grand-angle fuyant. Dans le cerveau - et dans le cœur - du "spectateur" de ce tableau, tout se passe comme si le Temps était représenté par l'Espace, et inversement.

    Comme si la matière dégradée par le Temps nous donnait à voir ce Temps même, par les lignes fuyantes de la perspective. De fait, un "vertige spatio-temporel"  s'empare du spectateur. L'érosion est représentée comme si le Temps était relie à l'Espace et l'Espace relie au Temps. Cette conception spatio-temporelle a d'ailleurs été vérifiée par la Théorie de la Relativité d'Albert Einstein : la matière peut se transformer en énergie, l'Espace peut influer sur Temps, l'un et l'autre communiquent de "façon élastique". Mais c'est aussi le même principe auquel touche Marcel Proust à la dernière page de "La Recherche du Temps perdu", le même vertige existentiel qui s'empare de l'Homme quand il se retourne sur sa vie, comme on contemple une plage de Cabourg - ou "Bolbec" :  " comme si les hommes étaient juchés sur de vivantes échasses grandissant sans cesse, parfois plus hautes que des clochers, finissant par leur rendre la marche difficile et périlleuse, et d'où tout d'un coup ils tombent.  (...)  Si du moins il m'était laissé assez de temps pour accomplir mon œuvre, je ne manquerais pas de la marquer au sceau de ce Temps dont l'idée s'imposait à moi avec tant de force aujourd'hui, et j'y décrirais les hommes, cela dût-il les faire ressembler à des êtres monstrueux, comme occupant dans le Temps une place autrement considérable que celle si restreinte qui leur est réservée dans l'espace, une place, au contraire, prolongée sans mesure, puisqu'ils touchent simultanément, comme des géants, plongés dans les années, à des époques vécues par eux, si distantes – entre lesquelles tant de jours sont venus se placer – dans le Temps."

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  • La Fissure

    Comment ne pas être touché, bouleversé, même,  par cette fissure, à la fois organique dans son relief,  et philosophique dans ses couleurs ?

    C'est à la fois une crevasse concrète, tortueuse, et une  fêlure existentielle entre bleu de Prusse et carmin...

    On peut y trouver une Passion christique, mais aussi un hymne à la vie, comme ces fragiles pousses de verdure qui renaissent au milieu de la fissure, entre bleu marine et rouge feu.

    Quant à moi, ce tableau me rappelle un haïku traitant de Fukushima, composé par Kazuko OKUMURA, à paraitre en mars 2015 dans le recueil "Trente haijins contre le nucléaire" aux Editions Pippa :

    "Une fissure dans la terre,

    Quelques pousses printanières !

    L’eau contaminée coule toujours vers la mer…"

     

    Comme un haïku, ce tableau exprime une multitude de sentiments complexes à partir d'une représentation pourtant basique, à la fois concrète et abstraite ! On touche, là,  à la communion de tous les Arts.

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  • La vallée inondée

    Quelle pureté de formes, quelle paix profonde dans cette union mystérieuse de la terre et du ciel.

    On se souvient immédiatement du poème "Eternité" de Rimbaud :

    "Elle est retrouvée.

    Quoi ? L'Eternité

    C'est la mer mêlée

    Avec le soleil."

     

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  • La margot

    Quelle créativité !

    Cette façon de revisiter le classique de Delacroix est réjouissante, "jouissive" !

    Le travail sur les ombres qui s'étendent comme des mains sur les seins, qui forment une moire bleu-blanc-rouge, etc., c'est une gageure technique pleine de lyrisme. Il y a aussi une bonhommie à la Léger, Picasso dernière période, Judikael (?).

     

    Bref, quelle joie de voir que tu te renouvelles tellement à chaque tableau !

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  • Reflets dans la marina 2

    Etude vertigineuse et onirique.

    L'opposition rêve/réalité (corps liquides/corps solides = reflets/bateaux et bâtiments) se couple avec une opposition entre les couleurs froides et couleurs chaudes, comme dans le premier tableau de la série "Marina".

    Mais ce principe est ici poussé à son paroxysme.

    Le cadrage, encore plus audacieux que dans le premier tableau, permet d'aller encore plus loin dans ce vertige ressenti face à une image " à la fois figurative et abstraite" (à la Nicolas de Staël, pourrait-on dire ?)... Le cerveau humain cherche spontanément à "recoller" les liens du dessin figuratif, mais il est toujours repoussé dans ses limites par l'expérience-limite que propose l'expression coloriste. Ce principe, pratiqué souvent par Monet (série des nymphéas, ou de la Cathédrale de Rouen), se teinte ici d'une palette et d'une structure futuriste. En fait, cette Marina, c'est un peu Métropolis dans le film de Fritz Lang, transposée dans une Atlantis rêvée...

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  • Blockhaus à Courseulles sur Mer

    Vraiment très émouvant.

    Ce tableau est émouvant et philosophique à la fois.

    Qui ne se sent pas profondément ému par ce vert tendre, ondulant entre l'azur et l'ocre, presque aussi impermanent que le bleu-vert des nymphéas de Monet ? Ce vert des herbes dunaires, presque infantile, est d'autant plus touchant qu'il se prolonge vers le ciel d'un bleu Matisse.

    Mais la partie "philosophique" du tableau, tristement humaine, découpe l'espace en deux, s'aligne dans une perspective implacable. L'ombre du calvaire se prolonge vers les ombres des cavités du blockhaus. Cette perspective est volontairement légèrement déformée, un peu a la façon de "l'Eglise d'Auvers-sur-Oise" par Van Gogh. Ici aussi, l'artiste se pose une question existentielle : L' "invention" du monothéisme, et son épanouissement terrifiant, qui aboutit au développement du monde occidental, mais aussi aux dogmes mortifères d'un certain christianisme, n'est-elle pas, en fait, la cause profonde des guerres modernes, toujours plus inhumaines ?

    Le calvaire de l'Homme-Fils-de-Dieu séparé de la Nature ne mènerait-il pas inéluctablement au blockhaus nazi ? Et pourtant, que la mer est belle, et pourtant, que le ciel est bleu !

    Tableau à méditer, et tableau à respirer...

     

     

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  • Pins du Japon

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